« Les bijoux élitaires en argent du haut Moyen Âge en Bohême »

Partenariat Hubert Curien Franco-tchèque « Barrande » entre l’IRAMAT et l’Institute of Archaeology of the Czech Academy of Sciences (Prague, Rép. Tchèque)

2024-2025

Porteurs : Guillaume Sarah (IRAMAT) et Estelle Ottenwelter (Institute of Archaeology of the Czech Academy of Sciences)

Résumé : Les bijoux du haut Moyen Âge provenant d’Europe centrale, et plus précisément de la région de Bohême en République tchèque, sont des artefacts très complexes qui offrent de nombreux angles d’études pour leur compréhension. Les recherches menées dans ce domaine au cours de la dernière décennie ont introduit un certain nombre d’éléments comparatifs utiles qui complètent les approches typologiques et thématiques classiques. Ainsi, des marqueurs archéologiques précieux tels que le choix des matériaux, les différentes étapes de fabrication, les techniques décoratives et les modèles de construction, la taille des éléments constitutifs et décoratifs, les marques d’outils et la qualité du produit fini permettent d’identifier la production d’ateliers spécifiques, les transferts de technologies, les importations et les influences entre artisans et entre zones de productions. L’assemblage de bijoux étudié proviendra de l’un des plus riches cimetières du haut Moyen Âge en Bohême – le cimetière du Jardin de Lumbe au Château de Prague – dans lequel ont été enterrés des membres de la famille de l’élite dirigeante de l’État tchèque naissant du IXe au XIe siècle après J.-C. Le cimetière du Jardin de Lumbe, le plus important en Bohême pour l’étude de l’élite du IXe au XIe siècle, situé à l’entrée du Château de Prague, est un lieu de pèlerinage et d’inhumation. Il s’agit d’un site clé pour la chronologie et la typologie des bijoux de l’élite bohémienne.

Pour mieux caractériser ces artefacts complexes, il est maintenant important de procéder à des analyses plus précises afin de déterminer les niveaux des éléments-traces contenus dans l’argent. Les éléments-traces peuvent mettre en évidence des signatures chimiques et donc aider à identifier les différents stocks de métal ou les ateliers qui les ont produits. Ils peuvent apporter d’autres données pertinentes pour identifier les produits locaux et importés. Pour compléter la caractérisation matérielle des bijoux et identifier les éléments traces, des analyses par la méthode LA-ICP-MS seront effectuées à Orléans à l’IRAMAT sur un ensemble sélectionné d’objets représentatifs. Une nouvelle méthodologie sera utilisée : au lieu d’effectuer l’analyse directement sur les objets, l’analyse sera effectuée principalement sur des échantillons métallographiques disponibles afin d’éviter les coûts de transport et d’assurance de ces objets précieux. Ceci est possible grâce au mauvais état de conservation des bijoux en argent qui sont souvent très fragmentés à cause de la corrosion intergranulaire. Les très petits fragments disponibles ont été inclus dans de la résine et polis pour permettre des observations et des analyses SEM-EDS (Microscopie électronique à balayage) à l’Institut d’archéologie de l’Académie tchèque des sciences. Ces échantillons métallographiques seront envoyés à l’IRAMAT-CEB en France pour effectuer des analyses ICP-MS par ablation laser sur des zones sélectionnées.